Pour une Lady et un Royaume, au SIA, en Charolais
Bien connu des concours, l’élevage Jaglin de l’EARL de la ville neuve, à Saint-Gilles-Vieux-Marché (22) sera présent au SIA en race Charolaise, race cette année à l’honneur. Et c’est avec Lady, seule bretonne charolaise sélectionnée, belle vache de cinq ans, suitée de son joli veau Royaume, qu’il défilera sur le ring parisien.

"On va encore montrer nos produits là bas, tout ce savoir-faire et on va se faire encore taper sur le dos !". Dans la famille Jaglin, le ras le bol sur le dénigrement que vit l’agriculture est bien palpable, mais pas que. "On fait vivre tout un système et nos produits ne sont pas payés comme ils le devraient l’être. La suite des Egalim, elle est où ? ". Un dépit qui s’exprime en premier lieu, et durant longtemps, avant même de laisser percer la fierté de présenter une vache suitée à Paris, que beaucoup considèrent comme un honneur, surtout hors berceau de la race.
Ils évoquent l’engagement de leur père pour ces animaux sur lesquels il continue de veiller, une raison d’être, avant même de mentionner la passion de leur neveu. Celui ci dès qu’il le peut, accourt, dresse, fait défiler, nomme "et si demain il y a encore un troupeau de vaches allaitantes ce sera pour lui !" Avant même de pouvoir dire la passion pour "un beau métier, on n’y va pas à reculons", qu’ils finiront par reconnaître, du bout des lèvres, amers.
Être mieux payés
Sur l’élevage de la Ville Neuve, l’atelier porcin de 300 truies naisseur-engraisseur côtoie celui des cultures. "Mon père a commencé avec quelques bêtes pour valoriser des terres qui ne pouvaient pas l’être autrement", raconte David Jaglin. Il a rejoint ses parents en 1998, suivi par son plus jeune frère de 10 ans, Cyrill en 2016, tous deux désormais aux manettes de l’EARL de la Ville Neuve, bien connue des concours. "Tu en viens parfois à avoir autant de boulot avec un troupeau de 30 mères en vaches allaitantes, ça fait 100 bêtes et c’est tout le temps, qu’avec 300 truies. Or c’est ça (les porcs, ndlr) et les cultures qui font la marge. Si encore on était payé au prix de revient de nos bêtes, 4,7 euros ! Il nous faudrait 5 euros du kg en vif. Il va falloir que le steak haché augmente", campe David Jaglin, qui travaille avec son groupement Eureden pour le label Charolais et avec la filière qualité de Carrefour, dont on annonce la fin. Pas étonnant pour lui que la production de vaches allaitantes subisse repli et décapitalisation.
Seule bretonne, une Lady
"Ne pas se vanter, travailler pour nous", tel est le slogan de la structure dont le but du travail sur la bonne génétique du troupeau "c’est de sortir de France pour avoir un bon retour sur investissement", note l’ex-président du syndicat régional des éleveurs de race Charolaise en Bretagne, démissionnaire en janvier dernier pour occuper d’autres responsabilités au sein de sa coopérative. Alors certes les concours sont une vitrine du travail de l’élevage, mais "avec des ventes à la clé, parfois un lot complet de sept bêtes, comme à Charolles", se souvient-il de 2016. Un milieu "où l'on rencontre du monde", un plus. Autant de raisons qui font que jeudi, Lady, belle vache née à l’élevage il y a cinq ans, suitée, est partie à Paris avec son Royaume, beau petit veau qui a connu la paille de l’étable début janvier 2020. Ils seront dimanche 1er mars en lice sur le ring."C’est l’idéal, la vache était prête quand ils sont venus la voir. Un coup de chance. Ils en avaient pré-sélectionnées 90 pour en garder 40. Il y a quatre bêtes dans sa section. Notre père s’occupe d’elle tous les jours, la lave", la bichonne. Mais pas question de livrer le secret maison de sa préparation qui tient aussi à son alimentation. Cette vache, seule bretonne à être sélectionnée cette année, avait déjà fait une quatrième place l’an dernier sur ce même salon. Un classement pas facile, à coté du podium qu’on lui souhaite donc de connaître cette année.