Volailles : impact hétérogène
Suivant les espèces de volailles, et les éleveurs, l’impact de la crise liée au coronavirus s’exerce avec hétérogénéité.

Ainsi, la fermeture de la restauration "touche durement pintade, caille, pigeon et les espèces festives, canard à rôtir et canard gras, espèces déjà impactées, avec une baisse générale d’activité et un allongement des vides sanitaires", décrit Sylvaine Dano, élue de la chambre d’agriculture, en charge du dossier avicole, éleveuse de dindes à Saint-Jean Brévelay (56). Le lapin commencerait également à souffrir. En accouvage, les difficultés sont déjà présentes sur les secteurs de ventes d’animaux d’un jour, y compris les activités d’exportation, mises à l’arrêt en raison des difficultés administratives du passage des frontières et sans vols disponibles. "Des chantiers de bâtiment ont été arrêtés mais l’arrivée des poussins ou des poulettes était programmée", s’inquiète-t-on. Autre pan de l’élevage fortement impacté : "Le poulet lourd qui ne trouve plus ses débouchés traditionnels, mais les choses pourraient évoluer un peu avec la réouverture des drives de Mc-Do", note à son tour, Pierrick Le Labourier, aviculteur à Plumelec (56), président du groupement volailles de Triskalia.
Quid du manque à gagner craint par les éleveurs sur la réorientation de leur production de la RHF vers la GMS ? Et le déséquilibre matière (blanc GMS, rouge RHD) qui va nécessiter le stockage, en attente d'autorisation des instances européennes. Quid aussi de l’approvisionnement en copeaux pour les litières avec la fermeture des scieries ? "On commence à voir apparaître des problèmes sur les pattes", témoignait déjà, la semaine passée, un éleveur du Finistère subissant l’allongement de l’élevage de ses dindes. "Pour l’instant, les enlèvements se font sans retard chez nous, c’est selon les débouchés mais ce n’est pas vrai partout", constate Sylvaine Dano, du groupement Huttepain Aliments (LDC), voisine de l’abattoir Celvia (LDC), spécialisé en abattage de dindes. "Nous n’avons pas eu de souci de ramassage non plus", apprécie-t-elle, bien consciente "que ce n’est pas une généralité, et ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain". Un constat partagé par Pierrick Le Labourier, "j’ai une bande qui est partie à 14 semaines ce matin, c’est trop. Certains opérateurs sont plus ou moins touchés, suivant leurs débouchés. Au début de la crise, il y avait de la demande, j’ai livré des lots de 12 et 13 semaines", situait, le 10 avril dernier, Pierrick Le Labourier, en proie comme ses collègues à une incertitude importante.