Bilan de campagne maïs 2019 : Le grand écart entre l’est et l’ouest
Trois faits majeurs ont impacté la campagne maïs 2019, les températures froides jusqu’à mi-juin qui accentuent l’impact des ravageurs du début de cycle, la sécheresse durant l’été dans l’est et le sud de la Bretagne qui a fortement réduit les rendements de ces secteurs et la forte pluviométrie d’octobre qui a retardé les récoltes de maïs grain sur toute la région. Les rendements en fourrage et en grain sont très hétérogènes. Ils varient du simple au double selon le secteur et restent bien inférieurs à ceux de 2018.

Le début de l’année peu arrosé favorise la destruction précoce des couverts et facilite les apports de fumier et de lisier. Les conditions sont favorables pour les semis qui démarrent vers la mi-avril dans les secteurs précoces. Le retour de la pluie et du froid début mai stoppe les chantiers qui vont reprendre vers le 10 mai et se poursuivre jusqu’à la fin mai. Les conditions climatiques fraîches ne favorisent pas une bonne vigueur au départ.
Des ravageurs très présents
Des dégâts dus aux mouches du semis, d’ordinaire assez peu visibles, sont observés localement dans le Morbihan, le Finistère et le nord de l’Ille-et-Vilaine. Les semis de fin avril début mai sans apports de micro-granulés insecticides sont les plus touchés. Les attaques concernent en particulier les parcelles riches en matières organiques, semis après prairies, ou avec épandage tardif de fumiers frais. Parfois, l'attaque se cantonne à quelques pieds, mais toute une parcelle peut être touchée par ce ravageur. Il n’y a pas de demi-mesure. De nombreuses parcelles ont dû être entièrement resemées. Les corvidés (choucas des tours, corbeaux…) sont régulièrement observés dans le Finistère, les Côtes d’Armor et un peu sur le Morbihan. Les attaques localisées sont parfois très importantes en raison des conditions peu poussantes. Divers moyens de protection ont été utilisés avec des résultats plutôt décevants car les oiseaux s’accoutument très vite. Malgré tout, l’effaroucheur pyro-optique avec détonations aléatoires s’est révélé le plus "efficace" contrairement aux autres moyens de prévention comme le tonne fort classique, les cris de geai ou les cages de captures. Rappelons la nécessité de déclarer les dégâts pour que l’on puisse obtenir des moyens d’action pour agir collectivement.
Les taupins, les géomyzes et les oscinies se sont également invités avec des présences très aléatoires sur toute la région. Pour ces agresseurs, le retrait du Sonido rend la protection plus compliquée. Parmi les solutions de bio-contrôle testées pour réduire le risque taupin, nous avons eu des résultats encourageants avec les appâts de blé destinés à leurrer ce ravageur. La technique consiste à semer 120 kg de blé quelques jours avant le maïs. Ce blé est détruit au stade 3 à 4 feuilles avec le désherbant maïs. Les essais seront à renouveler pour valider la technique. Pour les géomyzes et les oscinies, nous observons toujours des attaques. Certaines parcelles ont pu être plus fortement touchées, jusqu’à 50 % de plants. Seuls les traitements de semences ont donné satisfaction malgré des efficacités proches de 50 %. On peut penser que les températures froides de mai et du début juin ont rendu les maïs très vulnérables pendant une plus longue période que d’habitude : cela a pu amplifier les dégâts des taupins et des oiseaux, entraînant de nombreux re-semis dans le Finistère notamment. Au niveau des maladies, on cons-tate un peu de rhizoctone au-delà des secteurs "habituels". L’helminthosporiose, observée tardivement sur certaines variétés, n’entraîne aucun impact sur le rendement ni sur la qualité.
L'est touché par la sécheresse
Les conditions climatiques du mois de mai et de la première quinzaine de juin apportent l’humidité nécessaire à la bonne efficacité des désherbants, notamment pour les applications de prélevée et de post-levée précoce. Dès la fin juin, le manque d’eau va se faire sentir à l’est et au sud de la région entraînant une baisse importante du rendement dans les parcelles à faible réserve en eau. Dans le sud Ille-et-Vilaine, on obtient des parcelles de maïs fourrage à 6 tonnes de MS alors qu’on atteint les 16 tonnes dans les meilleures parcelles dans le nord Finistère. À l’ouest, on s’attendait à des récoltes précoces suite aux journées caniculaires de la fin juin et de la fin juillet, les conditions finalement plus fraîches des mois d’août et de septembre vont les retarder. Les ensilages démarrent début septembre en Ille-et-Vilaine et fin septembre pour le Finistère. Pour le maïs grain, c’est tout autre chose. Les fortes pluies d’octobre et de début novembre ont retardé les chantiers. Au 1er novembre, seulement 26 % du maïs grain était récolté contre 70 % pour une année normale (source Céréobs). Les grains, imbibés d’eau, ont parfois commencé à germer sur l’épi. Les parcelles les plus humides sont inaccessibles. Comme pour le fourrage, les rendements font le grand écart de 40 à presque
100 q/ha secs.
Il a dit : Florent Richard, président de la Cuma La Fourragère à Martigné Ferchaud (35)
Sur mon exploitation, j'ai souscri une MAE et j'ai donc 18 ha de maïs. Avec la sécheresse de cet été, mon bilan fourrager est déficitaire. Comme je suis en MAE, je n'ai pas pu acheter de maïs. Pour faire tampon, j'ai acheté 10 tonnes de betterave et 14 tonnes de foin. Mon rendement moyen est de 9 t MS/ha. C'est un moindre mal car sans les quelques millimètres de pluie tombés entre le 5 et le 10 août, on aurait été plus proche des 6 t. Pour l'année prochaine, je pense faire un peu moins de cultures de vente, même si le risque est peut être de manquer de paille. Avec le changement climatique, on est obligé de réfléchir à des pistes pour s'adapter. Cette année, j'ai récolté du méteil, que je suis d'ailleurs bien heureux de distribuer en ce moment. J'ai aussi fait des tests cette année de différentes dérobées après une récolte d'orge. Les résultats n'ont pas été satisfaisants mais il faut persévérer. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que cette année la récolte du maïs a été beaucoup moins importante. Sur notre secteur, on est entre moins 20 et moins 30 % de production.
/ Propos recueillis par Arnaud Marlet