Comment maîtriser les émissions d’ammoniac à l’épandage ?
Les techniques de réduction des pertes d’azote mises en place sur les postes précédents de la chaîne de l’élevage (alimentation, bâtiment, traitement et stockage), augmentent les quantités d’azote ammoniacal des déjections et donc les quantités d’azote à gérer à l’épandage.

20% des émissions d’ammoniac en agriculture sont liées à l’épandage. Pour maîtriser ces émissions il est indispensable de connaître le produit à épandre, de prendre en compte les conditions météorologiques lors de l’épandage et d’utiliser les meilleurs techniques d’apport. En minimisant la volatilisation de l’ammoniac, la quantité d’azote disponible pour les plantes est augmentée et l’efficacité fertilisante est maximisée. En minimisant la volatilisation de l’ammoniac, la quantité d’azote disponible pour les plantes est augmentée et l’efficacité fertilisante est maximisée.
Je connais la composition de mon effluent/digestat
La proportion en azote ammoniacal du produit organique épandue joue un rôle important dans le processus de volatilisation ammoniacale : pour une même dose d’azote total apportée, plus elle est élevée, plus le risque de volatilisation est important. De ce fait, les lisiers de porcs, les digestats et les fumiers de volailles présentent potentiellement plus de risques à l’épandage qu’un compost ou un fumier de bovins ou de porcs. En outre, les teneurs en matière sèche et le pH influent sur les niveaux de pertes. Le risque de volatilisation de l’ammoniac est plus élevé pour les effluents liquides et à pH basique.
Je regarde les conditions météorologiques
Le fait de prendre en compte des conditions et des prévisions météorologiques (température, précipitation, vent) lors de l’épandage peut réduire les émissions d’ammoniac jusqu’à 40 %. Les épandages doivent être réalisés en conditions de température
faible et absence de vent. L’idéal est d’épandre avant la pluie en s’appuyant sur les prévisions météorologiques sous réserve d’une pluie suffisante d’au moins 10 à 15 mm. Pas toujours évident à maîtriser !
Je choisis des techniques díÈpandage qui minimisent le temps et la surface de contact entre le produit et l'air
Les émissions sont maximales avec la buse palette ou rampe à buses, ces équipements ne sont pas adaptés pour les produits riches en azote ammoniacal. Pour un apport en surface, l’utilisation d’une rampe à pendillards permet de diminuer de 30 à 60 % les émissions d’ammoniac. Des combinaisons de chantiers avec un passage d’outil d’incorporation, à disques ou à dents, rapidement après un épandage en surface, limitera encore plus les émissions. Ceci s’explique par la rapidité du phénomène de volatilisation de l’ammoniac. En effet, les pertes ont lieu dans les premières heures après l’épandage et cela se stabilise au bout de 4-5 jours. En fonction des délais d’incorporation post-épandage la réduction des émissions peut être plus ou moins élevée. L’injection c’est la technique qui permet d’atténuer le plus la volatilisation et donc de maximiser l’efficacité fertilisante. Néanmoins, cette technique est difficilement réalisable sur cultures en place. Le choix de la technique est souvent un compromis entre les différentes cultures à fertiliser, la consistance des produits à épandre et les matériels disponibles localement.
Émissions d'ammoniac et de particules par les agriculteurs, quelles sont les règles ?
Le Plan de Réduction des Emissions de Polluants Atmosphérique (PREPA) : Le PREPA a été adopté en 2017 par la France. Il est conforme à nos engagements internationaux et à la réglementation européenne. Il impose une baisse des émissions nationales d’ammoniac de 4 % pour les années 2020 à 2024 par rapport à 2005 et de 13 % à horizon 2030. S’il n’entérine aucune interdiction de pratiques à ce jour, il envisage à l’avenir des règles spécifiques sur :
L’utilisation de l’urée : L’utilisation des matériels d’épandage les plus émissifs (horizon 2025), adossée à un plan d’aides permettant d’assurer l’utilisation des pendillards et injecteurs. Ce programme est toujours en réflexion à ce jour. Il est donc conseillé aux agriculteurs, Cuma et ETA d’anticiper ces probables évolutions réglementaires à l’occasion de l’acquisition d’un nouveau matériel.
Des règles spécifiques pour les élevages IED(1) : Seuls les élevages IED sont dans l’obligation de mettre en place des moyens de réductions de leurs émissions de polluants atmosphériques : ils doivent mettre en place les « Meilleures Techniques Disponibles » (MTD) telles que la couverture de fosse, l’enfouissement sous 4 heures, les pendillards, les injecteurs…
Y a-t-il des interdictions en cas de pic de pollution aux particules ? En cas d’alerte sur la pollution de l’air, le préfet du département prend des mesures d’urgence. Elles concernent tous les secteurs d’activité. La plus connue est la limitation de la vitesse maximale autorisée. S’agissant des agriculteurs, seul le brûlage des résidus d’élagage est proscrit. Il est par ailleurs préconisé de reporter les épandages de fertilisants minéraux et organiques en tenant compte des contraintes déjà prévues et de recourir à des procédés d’épandage faiblement émetteurs d’ammoniac, en particulier l’enfouissement rapide sur sol nu.
Charlotte Quénard, service Environnement
(1) Elevages de plus de 40 000 emplacements en volailles, 750 truies, 2 000 porcs à l’engraissement