Macron en Bretagne : la souveraineté alimentaire a un coût !
Emmanuel Macron souhaitait remercier "la ferme France", toute la chaîne qui, de l’agriculture à la distribution, en passant par l’agro-alimentaire, le transport ou l’emballage, "a tenu et nourri les Français". À Cléder (29), Thierry et Jean-Marc Roué, serristes, et les responsables professionnels en ont profité pour rappeler au Président de la République qu’acheter français a un coût !

"Merci à la ferme France, merci à l’agriculture et l’agro-alimentaire, à toutes les TPE et PME qui ont nourri la France". Le 22 avril, Emmanuel Macron, Président de la République, s’est rendu d’abord à Cléder, dans une serre de tomates, puis au Super U de Saint Pol de Léon. Les images ont passé en boucle à la télé et sur les réseaux sociaux d’un Président mettant l’accent sur toute une chaîne qui, des producteurs à la distribution, en passant par les transporteurs ou l’emballage, ont continué à travailler, permettant ainsi de ne pas rompre l’approvisionnement alimentaire des Français.
Espérons qu'après le confinement, les consommateurs continuent à privilégier les produits français
Accepter de payer un peu plus
Un discours qui ne peut qu’aller droit au cœur des agriculteurs, qui apprécient la volonté du chef de l’État de revenir à une plus grande souveraineté alimentaire, une fois la crise du coronavirus passée. "Une souveraineté alimentaire qui a un prix", rappelle Jean-Hervé Caugant, le président de la chambre d’agriculture du Finistère. "Il faut que les agriculteurs gagnent leur vie". "Et que les Français acceptent de payer quelques centimes de plus", rajoute Jean-Alain Divanac’h, le président de la FDSEA. "La part de l’alimentation n’a jamais été aussi faible dans le budget des ménages".
"Charges sociales, environnement… : nous subissons aussi des distorsions de concurrence par rapport aux autres pays européens", a souligné Thierry Roué, installé en Gaec avec son frère Jean-Marc sur 4,5 hectares de tomates sous serres à Cléder. "Il faut que le dispositif TO-DE, qui allège le coût des travailleurs occasionnels, soit reconduit. Il en va de notre compétitivité".
Horticulture et viande bovine en danger
"Nous avons aussi profité de sa venue pour évoquer les filières particulièrement secouées par la crise", indique Jean-Alain Divanac’h. Suite aux fermetures des jardineries et fleuristes, le secteur horticole se retrouve sans débouchés, "alors que Kérisnel, la marque horticole de notre coopérative, réalise la moitié de son chiffre d’affaires au printemps", souligne Marc Kéranguéven, le président de la Sica de Saint Pol. "En viande bovine, nous demandons la mise en place de stockage temporaire ou de facilités à l’export pour alléger les marchés du veau de boucherie et des races allaitantes, qui souffrent de la disparition de leurs débouchés en restauration hors foyer", complète le président de la FDSEA.
Une nécessaire régulation laitière
"Nous avons aussi interpellé Emmanuel Macron sur la crise laitière", rajoute Jean-Hervé Caugant, qui en appelle à la mise en place d’une régulation européenne de toute urgence. "Il ne faut pas attendre trois mois ! D’ici là, les cours se seront effondrés". Ce que les producteurs vivraient très mal. "Ils se sont levés tous les matins pour traire leurs vaches et nourrir les Français. Ils ne comprendraient pas qu’on les laisse tomber".
Les responsables ont aussi attiré l’attention du Président de la République sur le défi du renouvellement des générations. "Actuellement, tous les dossiers d’installation sont bloqués". Et souligné la diversité des agricultures en France. "Circuits courts ou circuits longs, conventionnel ou bio, toutes ces agricultures sont complémentaires", estime le président de la chambre d’agriculture.
"Le système français est parmi les plus fiables d’Europe en matière de sécurité et de traçabilité", plaide Marc Kéranguéven. Une spécificité qui a rassuré les consommateurs en plein cœur de la crise, "Espérons qu’après le confinement, ils continueront à privilégier les produits français dans leurs achats".