Le climat change… en Bretagne aussi !
Les effets du changement climatique en Bretagne sont perceptibles depuis plusieurs décennies et le maïs n’échappe pas à cette évolution. Ce changement génère de multiples bouleversements dans le monde agricole : accidents climatiques dont nous faisons les frais, et raccourcissement des cycles végétatifs…

Le cycle du maïs ensilage est de plus en plus court
Le cycle du maïs est déterminé par les températures, depuis le début des années 60. La température moyenne a augmenté de 1,7 °C en Bretagne. Dans la région, les semis de maïs interviennent généralement entre fin avril et début mai. Pour les variétés les plus répandues, dites "précoces" (indice 270), l’accomplissement du cycle semi-récolte nécessite une somme des températures de 1 425 °jour environ (base 6°C et écrêté à 30°C, à partir du 1er mai). Le développement du maïs se fait entre 6°C et 30°C. Cette somme de températures est atteinte de plus en plus tôt dans toute la Bretagne (à variété et date de semis constantes). Ainsi, par exemple à Brest, depuis le début des années 60, il faut 40 jours de moins pour l’atteindre, à Rennes, ce sera 28 jours de moins. La récolte est en théorie de plus en plus précoce, précocité qui va continuer à s’accentuer au cours de ce siècle. Elle intervient désormais, en théorie, entre fin août et fin septembre.
Des rendements qui ont tendance à augmenter
Les rendements en maïs ensilage ont augmenté de 0,1t MS par hectare et par an depuis 1981. Les explications ne tiennent pas toutes dans l’évolution du climat. On peut trouver comme facteur explicatif l’avancée des dates de semis combinée à l’utilisation de variétés plus tardives permis par l’augmentation des températures, mais aussi les améliorations techniques et les progrès génétiques. Mais il ne faut pas oublier que la multiplication des stress hydriques et thermiques pourraient à l’avenir pénaliser la culture de plus en plus fréquemment, comme nous l’avons vu cet été dans les régions plus au sud.
Quelles adaptations ?
L’amélioration de la disponibilité thermique favorise l’usage de variétés plus tardives (plutôt sur les sols avec une bonne réserve hydrique) ce qui permet d’augmenter le rendement. Sur les secteurs les plus exposés au stress hydrique (sols peu profonds…), on peut être plus inquiet sur la stabilité des rendements dans le futur. Il faudra plutôt aller vers des variétés précoces pour esquiver le stress hydrique. En effet, le stress hydrique augmente du fait d’une évapotranspiration accrue liée à l’augmentation des températures. Du côté du cumul annuel des pluies sur notre région, il n’y a pas d’évolution significative à ce jour. Il sera difficile de sécuriser à moyen terme la production sans envisager la création de ressources en eau en automne et en hiver en vue d’une irrigation estivale, si cela peut être accepté par la société. Par ailleurs, détruire plus tôt l’interculture précédant peut aussi être un moyen de moins entamer les réserves en eau du futur maïs. Les variétés les plus résistantes aux stress thermique et hydrique peuvent être sélectionnées.
Plantation d'arbres
La plantation d’arbres crée un microclimat dans la parcelle. Elle atténue les coups de chaleur et modère l’évapotranspiration. Pour aller plus loin, et face à une ressource en eau limitante, la substitution du maïs ensilage par du sorgho peut être envisagée. Le sorgho peut offrir des rendements supérieurs à ceux du maïs fourrage en cas de sécheresse, mais il n’a pas la même valeur alimentaire. Un méteil peut aussi être utilisé en substitution.